Evaluation de l’activité de l’artérite de Takayasu par microscopie localisée par ultrasons

Evaluation de l’activité de l’artérite de Takayasu par microscopie localisée par ultrasons

L’équipe du centre de référence des maladies artérielles rares1 de l’Hôpital européen Georges-Pompidou, de l’Inserm et d’Université Paris Cité, coordonnée par le Pr Tristan Mirault, a pour la première fois utilisé la microscopie localisée par ultrasons pour évaluer l’activité de l’artérite de Takayasu.

Ces travaux, promus par la Société française de cardiologie et le Programme ART (Accélérateur de Recherche Technologique) d’échographie biomédicale de l’Inserm, ont fait l’objet d’une publication le 7 mars 2023 dans la revue eBioMedicine.

L’artérite de Takayasu est une maladie inflammatoire vasculaire des vaisseaux sanguins la plupart du temps localisée à l’aorte et ses branches cervicales, viscérales et sur les membres inférieurs. Elle se complique d’anévrysmes ou sténoses artériels.

La microscopie localisée par ultrasons (ultrasound localized microscopy ULM), basée sur l’imagerie ultrasonore ultrarapide de microbulles circulantes (MB) permet d’imager les flux sanguins microvasculaires in vivo jusqu’à l’échelle du micron.

L’équipe de recherche a cherché à démontrer que l’ULM peut fournir des marqueurs d’imagerie pour évaluer l’activité de l’artérite de Takayasu.

Pour ce faire, elle a réalisé une ULM des vasa vasorum2 de la paroi carotidienne.

16 patients atteints d’artérite de Takayasu selon les critères du National Institute of Health3 ont été inclus.

5 avaient une artérite de Takayasu active (âge médian 35,8 ans) et 11 avaient une artérite de Takayasu quiescente4 (37,2 ans).

L’ULM a été réalisée à l’aide d’une sonde de 6,4 MHz et d’une séquence d’imagerie dédiée (ondes planes avec 8 angles, fréquence d’images de 500 Hz), couplées une injection intraveineuse de MB.

Les MB individuelles ont été localisées, puis suivies, ce qui a permis de reconstruire l’anatomie et la vitesse du flux vasa vasorum.

L’ULM a permis de montrer les microvaisseaux et de mesurer leur vitesse d’écoulement dans la paroi artérielle. Le nombre de MB détectés par seconde dans la paroi était de 10 (image A) dans les cas quiescents contre 121 (image B) dans les cas actifs, avec une vitesse moyenne de 40,5 mm/s dans les cas actifs.

L’ULM permet de visualiser les microvaisseaux à l’intérieur de la paroi carotidienne épaissie dans l’artérite de Takayasu, avec une densité de MB significativement plus élevée dans les cas actifs. L’ULM permet une visualisation précise in vivo des vasa vasorum et donne accès à la quantification de la vascularisation de la paroi artérielle.

Ceci pourrait permettre un suivi rapproché par échographie de l’activité de l’artérite de Takayasu impossible avec les imageries actuelles : irradiantes (scanner et TEP-scanner) ou coûteuse et peu disponible (IRM). Plus largement, cette technologie permet d’explorer la vascularisation de la paroi artérielle, un marqueur utile dans l’instabilité des plaques d’athérome, pathologie fréquente actuellement investigué dans l’étude ULTRAVASC.

[1] Du département dédié à la prise en charge des maladies vasculaires HYPERVASC (Pr Emmanuel Messas)

[2] Vaisseaux de très petit calibre cheminant dans l’adventice (tunique externe de la paroi d’une artère) et irriguant la paroi artérielle.

[3] The American College of Rheumatology 1990 criteria for the classification of Takayasu arteritis.Arthritis Rheum. 1990; 33: 1129-1134

[4] inactive, contrôlée, arrêtée dans son évolution

Référence : Guillaume Goudot; Anatole Jimenez; Nassim Mohamedi; Jonas Sitruk; Lina Khider; Hélène Mortelette; Clément Papadacci; Fabien Hyafil; Mickaël Tanter; Emmanuel Messas; Mathieu Pernot; Tristan Mirault. eBioMedicine